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- Energie & environnement - Grégory Bovay

La sortie du nucléaire rend la Suisse vulnérable

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La catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011 a indirectement fragilisé notre sécurité d’approvisionnement en énergie.

Voilà 10 ans que la catastrophe nucléaire de Fukushima est intervenue. Très (trop ?) vite, le Conseil fédéral a pris en 2011 la décision de principe de sortir progressivement de l’énergie nucléaire. Le Parlement a suivi cette décision. Puis en 2017, le peuple a conforté la position du Conseil fédéral lors de la votation sur la stratégie énergétique 2050.

Prise dans une relative précipitation, cette décision est pourtant lourde de conséquences dans la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, la décarbonisation favorise l’électrification et entraînera une hausse considérable de la consommation d’électricité en Suisse, alors que notre pays se voit amputer progressivement de la production issue du nucléaire (encore 32% en 2018).  Malgré un soutien financier conséquent, la production issue des énergies renouvelables ne semble pas à ce jour capable de pouvoir remplacer l’énergie atomique.

En effet, ce mode de production reste une énergie en ruban indispensable pour notre sécurité d’approvisionnement, tout comme la production hydroélectrique qui représente 37.000 GWh (55% de la consommation). A titre de comparaison, la production issue du photovoltaïque, bien que croissante, atteint 2100 GWh environ tandis que l’ensemble de la biomasse représente moins de 1800 GWh. Les chiffres de l’éolien et de la géothermie sont si faibles qu’ils sont anecdotiques.

Cette situation questionne notre sécurité en approvisionnement. Elle révèle aussi une certaine hypocrisie puisque pour faire face aux besoins en matière d’énergie et d’électricité, nous sommes contraints d’acheter celle-ci à des pays producteurs notamment d’énergie nucléaire ou issue du charbon. De plus, la réorientation énergétique planifiée de nos pays voisins nous oblige à payer davantage une énergie que nous aurions la capacité de produire sur notre sol. Elle fragilise également notre sécurité en approvisionnement. Dans son dernier rapport, la Commission fédérale de l’électricité (ElCom) s’inquiète d’ailleurs de l’instabilité croissante du réseau et ne cache pas le risque de pénuries temporaires à l’avenir. Une probabilité sans nul doute plus élevée qu’un accident nucléaire mais aux conséquences toutes aussi graves.



Grégory Bovay,
Responsable politique énergie/environnement

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