Actualités

- Energie & environnement - Jean-Hugues Busslinger

Vers une politique climatique pragmatique

Le verdict des urnes, par lequel une majorité de citoyens a refusé la loi sur le CO2, fut une agréable surprise pour ceux, dont le Centre Patronal, qui considéraient que ce texte était coûteux et inutilement punitif et qui avaient mené campagne contre la plus grande partie de la classe politique. Il s’agit dorénavant de remettre l’ouvrage sur le métier afin de s’engager résolument vers l’objectif de réduction des gaz à effet de serre auquel la Suisse a souscrit (moins 50 % à l’horizon 2030, neutralité carbone en 2050). Pour cela, les maîtres mots doivent notamment être recherche de la plus grande efficacité, implication de toutes les forces économiques et innovation.

Rechercher l’efficacité

Des mesures peuvent être prises en Suisse ; on sait désormais que celles-ci coûtent cher et que, la question du climat étant un phénomène mondial, des mesures peuvent plus efficacement être mises en œuvre à l’étranger. Il s’agit de maximiser l’effet des efforts financiers qui seront fournis. Ainsi, notre pays consacre annuellement quelque 3 milliards de francs à l’aide aux pays les moins favorisés. En orientant la moitié de ces dépenses sur des mesures permettant de réduire les émissions, ce sont bien plus de tonnes de CO2 qui seront économisées. L’accord signé en novembre dernier avec le Pérou doit ainsi servir d’exemple : https://www.cleantech-alps.com/fr/actualites/news/details/la-suisse-et-le-perou-signent-un-accord-pour-la-protection-du-climat-0-1878

Toujours sous l’angle de l’efficacité, réduire au strict minimum la redistribution de la taxe CO2 à la population permettrait de mobiliser plus d’une centaine de millions de francs supplémentaires et de les consacrer à l’assainissement des bâtiments ou à d’autres incitations.

Impliquer toute l’économie

Le seul élément positif de la défunte loi sur le CO2 consistait en la possibilité pour toutes les entreprises – et non pas seulement les plus grandes d’entre elles – de conclure des conventions d’objectifs les exonérant de la taxe CO2. Le magnifique travail réalisé par l’Agence de l’énergie pour l’économie doit impérativement se poursuivre. Toutes les entreprises doivent pouvoir d’engager.

Innover

Le troisième élément important est l’innovation. Des mesures de soutien aux technologies d’avenir, notamment le captage du CO2 et sa valorisation en tant que produit industriel (polymères notamment), ainsi que des efforts supplémentaires dans la recherche et dans le stockage du CO2 doivent être déployés. D’éventuelles incitations fiscales pourront cas échéant y contribuer.

Il ne s’agit plus d’inventer des taxes, mais de promouvoir les solutions pragmatiques, efficaces et qui contribueront réellement à réduire les émissions.



Jean-Hugues Busslinger,
Directeur du département de la politique générale

Partager :