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- Mobilité - Patrick Eperon

Financement des routes cantonales : un Röstigraben honteux

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La décision de fermer au trafic poids lourds le viaduc de Riddes (VS), pour cause de «cancer du béton non traité à temps», a été présentée comme un problème de financement des routes cantonales spécifique au Valais. Or, ce grave problème touche la moitié des cantons suisses et, plus particulièrement, la plupart des cantons romands.

On soulignera qu’Infra Suisse (organisation des entreprises actives dans la construction d’infrastructures) a publié, en avril 2017, une étude mise en évidence par un communiqué de presse intitulé «La moitié des cantons négligent leurs routes», communiqué dont les premières lignes étaient les suivantes: (…) La plupart des routes cantonales suisses sont dans un bon état. Malgré cela, environ 10% sont dans un état critique, voire en mauvais état pour 3% d’entre elles. Cela représente 2300 kilomètres de routes cantonales ayant un urgent besoin d’assainissement. Environ 22% ou 3800 kilomètres sont actuellement de qualité acceptable. Pour ces routes, un assainissement n’est nécessaire qu’à moyen terme. Alors que certains cantons n’ont pas de routes dans un état insatisfaisant, d’autres en ont jusqu’à 40%. Parmi ceux-ci, on relèvera notamment les cantons d’Obwald, d’Argovie, du Valais, de Neuchâtel, du Tessin et d’Uri.

En d’autres termes, tous les professionnels de la route – pour ne pas parler des élus en charge des routes de leurs cantons – savent depuis au moins deux ans qu’environ 35% des routes cantonales suisses doivent faire l’objet de travaux d’assainissement à court et moyen terme !

De même, tous ces responsables savent depuis au moins deux ans que les budgets alloués aux routes varient du tout au tout entre les 26 cantons et que les cantons les plus «pingres» sont ceux dont l’état des routes est jugé mauvais, voire critique. Il s’agit donc, non de fermer des routes cantonales ou de cesser d’en construire de (rares) nouvelles, mais d’augmenter les budgets routiers.

En ce sens, beaucoup de cantons devraient mettre sur pied un fonds routier cantonal, sur le modèle du canton de Fribourg. Les cantons pourraient aussi s’inspirer de la Confédération, qui dispose depuis 2018 du fonds FORTA, qui garantit le financement de l’entretien et du développement du réseau autoroutier. Ainsi, le Röstigraben honteux que constitue le sous-entretien de leurs routes par la majorité des cantons romands pourrait être comblé.



Patrick Eperon,
Responsable des relations avec les médias / Délégué communication et campagnes politiques / Responsable politique mobilité

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