Actualités

- Politique économique - Pierre-Gabriel Bieri

Interdire la publicité, c’est interdire l’activité économique privée

source image : APG|SGA SA

C’est surtout le contenu de la publicité qui a fait l’objet de vifs débats ces dernières années, avec l’interdiction de la publicité pour le tabac considérée comme légitime par de nombreuses personnes, mais dont on voit qu’elle dévie rapidement vers une volonté de prohibition de toutes sortes de produits courants que certains groupes de pression jugent condamnables : l’alcool, la viande, demain peut-être les voitures ou les voyages.

Parallèlement, on voit apparaître un courant encore plus radical qui conteste toute forme de publicité. A Genève, on demande d’interdire l’affichage public. Dans le canton de Vaud, des partisans de la décroissance voudraient imposer une taxe prohibitive sur toute forme de publicité, en affirmant que cette dernière «engendre une multitude d’envies futiles».

Les personnes qui tiennent ce discours simpliste ont-ils réfléchi au fait que certaines publicités promeuvent non des produits mais des services? Ou qu’il existe des publicités qui s’adressent à une clientèle professionnelle ou institutionnelle, qu’on accuse rarement de surconsommation frénétique? Ont-ils par ailleurs songé qu’une politique d’interdiction revient à considérer les individus comme totalement irresponsables de leurs choix – et que cette irresponsabilité croît précisément de par le fait que l’Etat limite et contrôle toujours davantage les choix individuels?

Face à ces attaques, deux éléments doivent être rappelés. Le premier est que la publicité en elle-même représente une source de prospérité non négligeable. Le chiffre d’affaires net du marché publicitaire en Suisse a atteint 4,6 milliards de francs en 2018, sans la publicité sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux. La valeur ajoutée générée directement et indirectement par ce secteur dépasse 3,3 milliards de CHF, et plus de 30’000 emplois en dépendent directement ou indirectement.

La seconde vérité à rappeler est que la publicité représente, pour toutes les entreprises et tous les commerces, un moyen indispensable de se créer une clientèle et de la renouveler. En l’interdisant, on anéantirait toute possibilité d’avoir une activité économique privée – ce qui serait difficilement conciliable avec la garantie de la liberté économique inscrite à l’article 27 de la Constitution fédérale.



Pierre-Gabriel Bieri,
Responsable politique institutions et sécurité

Partager :