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- Politique économique - Nicolas Tripet

Polémique Whatsapp : gestion de crise et de données

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A en juger l’exode affiché des utilisateurs, les récentes annonces de changement de politique de gestion de données de Whatsapp sont plus que maladroites. Entre crainte et ras-le-bol de l’exploitation des données personnelles par les GAFAM, on a entendu beaucoup de choses : publicité dans les fils de discussion Whatsapp, analyses de conversations en vue de proposer du contenu publicitaire davantage ciblé sur Facebook, etc.  En réalité, en Europe, il n’en est rien (pour l’heure en tout cas). Le cadre légal et notamment le RGPD protège correctement les utilisateurs et même les GAFAM doivent s’y plier. Bien que la nouvelle loi sur la protection des données (LPD) ne soit pas encore entrée en vigueur, Whatsapp applique les mêmes règles dans la « région Europe », les usagers helvétiques sont ainsi également couverts.

Concrètement, qu’est-ce qui changerait ? Pour l’utilisateur suisse, probablement pas grand-chose, à ce stade du moins. Le changement de conditions s’inscrit dans la volonté de Whatsapp de développer ses services « business » en Europe et d’offrir des outils davantage efficaces et intégrés pour les entreprises : vente et promotion via un compte Whatsapp d’entreprise dédié, utilisation du chat Whatsapp sur une page Facebook comme interface client en lieu et place de Messenger par défaut. Ces éléments impliquent donc une perméabilité accrue entre les services de Facebook et Whatsapp et un socle commun pour certaines interfaces de gestion.

Le rétropédalage de Whatsapp donne donc un sursis à ses utilisateurs jusqu’au 15 mai, date à laquelle l’entrée en vigueur des nouvelles conditions a été reportée. Dans l’intervalle, il s’agira, pour la société de Palo Alto, de peaufiner la communication, car à en croire l’engouement pour Threema, Signal voire Telegram, le mal est fait : les utilisateurs qui ont quitté Whatsapp pour d’autres alternatives ne reviendront vraisemblablement pas.

Faire jouer la concurrence est positif d’autant plus si cela permet à des sociétés suisses – plus respectueuses des données des utilisateurs – de se développer. Cependant, si toutes les messageries alternatives vantent la protection des données et un chiffrement de bout en bout, on rappellera qu’utiliser un smartphone peut d’ores et déjà être risqué en matière de protection de données. Pour preuve, sur un iPhone par exemple, la coche « autoriser Siri à apprendre de cet APP » est cochée par défaut même pour les 3 messageries sécurisées précitées… Les données ainsi récoltées « seront en tout temps traitées conformément à l’Engagement de confidentialité d’Apple »…nous voilà donc rassurés (sic).



Nicolas Tripet,
Responsable communication et politique numériques

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