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- Relations extérieures - Jimmy Dupuis

Coopération internationale : la faim justifie les moyens

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Aux termes de l’article 54 alinéa 2 de la Constitution fédérale, la Confédération s’attache à préserver l’indépendance et la prospérité de la Suisse ; elle contribue notamment à soulager les populations dans le besoin et à lutter contre la pauvreté ainsi qu’à promouvoir le respect des droits de l’homme, la démocratie, la coexistence pacifique des peuples et la préservation des ressources naturelles. Ces différents objectifs relèvent dans une certaine mesure de la coopération internationale (CI), un instrument de la politique étrangère combinant plusieurs éléments de politique économique, migratoire et environnementale. En tant que concrétisation de la tradition humanitaire helvétique, la CI repose sur trois outils : l’aide humanitaire, la coopération au développement et la promotion de la paix.

En date du 2 mai 2019, le Conseil fédéral a ouvert une procédure de consultation relative au plan fédéral 2021-2024 en faveur de la coopération internationale. Il est à noter que c’est la toute première fois que le gouvernement se prête à cet exercice en matière de CI, ce qui révèle une volonté de se confronter à la critique constructive. A la lecture du rapport explicatif, il s’avère que plusieurs orientations inédites sont consacrées. Désormais, il sera possible de tenir compte des intérêts suisses lors de l’octroi de l’aide. Par ailleurs, il est prévu de concentrer les moyens sur des zones prioritaires, ce qui engendrera entre autres un désengagement progressif des pays d’Amérique latine. Le secteur privé – dont la capacité d’innovation est précieuse – sera enfin plus fréquemment sollicité. En somme, le nouveau plan tend à faire gagner la CI en efficacité.

Bien évidemment, les axes stratégiques définis par le Conseil fédéral n’ont pas manqué de susciter de vives réactions, surtout de la part des ONG, qui déplorent le critère de la prise en compte des intérêts suisses lors de l’octroi de l’aide. Certes, nul ne conteste que l’aide doive avant tout se focaliser sur les besoins des populations concernées, mais rien ne s’oppose à ce qu’elle serve également les intérêts de la Suisse. Aucune politique n’est totalement désintéressée et la CI constitue en définitive une politique comme une autre. A ce titre, on rappellera que le Parlement souhaite encourager la conclusion d’accords et de partenariats dans le domaine de la migration. L’aide suisse doit donc également se soucier de prévenir les migrations irrégulières en offrant aux citoyens des perspectives sur place.  Le fait de se préoccuper régulièrement des intérêts de la Suisse au moment d’octroyer une aide permettra de déboucher sur des solutions gagnant-gagnant. 

La CI n’échappe pas au débat sur les moyens alloués. Le plan fédéral 2021-2024 prévoit d’investir plus de 11 milliards en 4 ans, ce qui représente un montant conséquent. Il apparaît que les ONG souhaiteraient plus de moyens en faveur de la CI alors que l’UDC considère que cette somme est trop élevée. Le Centre Patronal considère pour sa part que le plan quadriennal trouve un juste milieu entre la lésine et la prodigalité, ce qui ne dispense pas les autorités d’instaurer un reporting financier de qualité. Quoi qu’il en soit, en comparaison internationale, la Suisse n’a pas à rougir puisqu’elle figure en bonne position dans le classement comparant les apports d’aide publique au développement des pays membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE. Etant entendu que la Suisse vit de son interconnexion, la CI représente le prix à payer pour garantir un minimum de stabilité au niveau international et contribuer à la lutte contre la pauvreté.



Jimmy Dupuis,
Responsable politique économie extérieure

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