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- Formation - Baptiste Müller

Apprenti à 15 ans : rien de plus normal

L’âge moyen d’entrée en apprentissage ne cesse d’augmenter et a dépassé 18 ans depuis quelques années déjà. Il n’est pas rare de rencontrer des apprentis ayant passé 20 ans, voire davantage. Souvent, ils ont réalisé un parcours de transition ou sont passés par le gymnase avant de rejoindre la voie de la formation professionnelle.

La croissance de ce public d’apprentis « adultes » modifie la perception des acteurs de la formation professionnelle. Vus comme plus matures ou plus studieux, ils changent les dynamiques de groupes en classe ou en entreprise. Ces dernières soulignent parfois la satisfaction d’engager des apprentis plus rapidement productifs et réalisant plus facilement la transition de l’école à l’entreprise.

Il est cependant capital de rappeler qu’être apprenti à 15 ans, c’est normal. Avoir au début un peu de peine avec les horaires stricts et plus long d’une entreprise, c’est normal. Devoir transmettre des compétences sociales à un adolescent occupant sa première place de travail, c’est normal. Avoir pour rôle d’inculquer l’amour du travail bien fait à un nouvel arrivant un peu gauche, c’est normal. Devoir encadrer, féliciter, motiver ou réprimander un apprenti qui ne demande qu’à comprendre le monde professionnel… c’est normal.

L’apprentissage a cela de beau qu’il permet des échanges entre les différentes générations professionnelles. Les entreprises formatrices savent que les apprentis amènent autant de nouvelles idées et façons de voir les choses qu’elles leurs transmettent de savoir-faire. Miser sur l’engagement uniquement d’adulte, dont le CV est forcément plus garni qu’un écolier, n’est pas un pari gagnant. Il faut continuer à s’engager pour que l’apprentissage reste une formation suivie immédiatement après la scolarité.

La généralisation de l’entrée tardive en apprentissage ne doit pas être un objectif, ni des autorités, ni des entreprises. Elle est une conséquence fâcheuse de politiques publiques et d’un climat social qui orientent depuis trente ans vers la voie générale au détriment de la formation professionnelle. Elle est le corolaire de la difficulté des jeunes à trouver leur voie. C’est sur ces axes qu’il faut agir.



Baptiste Müller,
Responsable politique formation

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