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- Mobilité - Cenni Najy

Réhabilitation de la ligne ferroviaire du Tonkin : décryptage

La ligne ferroviaire du Tonkin entre Evian et Saint-Gingolph est à l’abandon depuis 1998. Elle constitue pourtant le maillon manquant dans le réseau RER lémanique. En effet, depuis la mise en place du Leman Express en 2019, les RER circulent tout autour du Leman à l’exception de ce tronçon de 18 km.

La réhabilitation de cette ligne, en projet depuis plusieurs années, engendreraient pourtant des gains non-négligeables :

  • Fluidification des routes des trois Chablais (savoyard, valaisan et vaudois).
  • Réduction de la pollution liée au trafic motorisé grâce au report modal prévu.
  • Redondance des lignes CFF Genève-Lausanne-Valais et CGN Evian/Thonon-Lausanne. En cas de dérangement sur ces lignes, le Tonkin permettrait à certains voyageurs d’emprunter un itinéraire de remplacement (bien plus long toutefois).

Malgré une couverture médiatique croissante, il apparaît que le projet de réhabilitation de la ligne du Tonkin demeure parfois mal compris. Par conséquent, cet article propose un décryptage sous forme de questions/réponse simples :

La future ligne ouvrira-t-elle prochainement ?

Non. Les études de faisabilité n’ont été finalisées qu’en janvier dernier. Une consultation publique (équivalent d’une mise à l’enquête) devrait démarrer fin 2023. Après sa clôture, les autorités françaises pourraient déclarer le projet d’utilité publique, ce qui permettrait aux travaux de commencer. La ligne ne devrait donc pas être inaugurée avant 2030.

Le projet rencontre-t-il des oppositions ?

Aucune opposition structurée ne s’est encore clairement manifestée mais la prochaine consultation publique devrait permettre d’y voir plus clair.

Doit-on s’attendre à des difficultés techniques lors de la réalisation des travaux ?

Non, la réhabilitation de ligne ne devrait pas rencontrer d’obstacles majeurs à l’exception de la rénovation de quelques ouvrages d’art. Les travaux devraient durer trois ans. 

La ligne accueillera-t-elle des trains de marchandises, permettant ainsi aux convois (dont ceux transportant du chlore) d’emprunter un itinéraire moins fréquenté et moins densément peuplé que celui du nord Leman ?

Il n’est pas prévu que la nouvelle ligne accueille des trains de marchandises. Seul le transport de passagers (trains régionaux) devrait être permis. Une ligne ouverte au fret ne serait pas rentable sans un doublement des voies (pas prévu dans le projet).

La Suisse finance-t-elle le projet ?

Le canton du Valais et la Confédération ont déjà co-financé les études de faisabilité avec la partie française. Dans un avenir proche, il est très probable que la partie suisse décide de continuer à contribuer financièrement à la mise en œuvre des prochaines étapes. L’ensemble du projet est devisé à environ CHF 300 millions dont une partie pourrait faire l’objet de financements européens. 

Le matériel roulant du futur RER sera-t-il suisse ?

C’est très probable, l’un des scénarios envisagés est le prolongement des services de RER opérant en Suisse (côté Valais) jusqu’à Evian. L’électrification devrait aussi être au standard suisse.

Existe-t-il une alternative à la réhabilitation de la ligne du Tonkin ?

La Région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) étudie la possibilité de créer une ligne de bus à haut niveau de service (BHNS). Moins cher, le projet de BHNS se heurterait néanmoins au problème de congestion des routes mentionné ci-dessus. La création d’un tram-train a aussi été envisagé mais ce dernier coûterait autant qu’un RER.



Cenni Najy,
Responsable politique Mobilité, énergie, environnement

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