- Finances et fiscalité - Baptiste Müller
Budget vaudois 2026 : de la Venoge à la Bérézina
La retraite de Russie de 1812 n’est pas seulement un épisode militaire tragique. Elle est devenue, pour les historiens comme pour les stratèges, le symbole d’un repli mal anticipé, mal préparé et finalement destructeur. Napoléon ne perd pas parce qu’il recule, mais parce qu’il recule trop tard, sans plan cohérent, en cédant sous la pression des événements. C’est précisément cette logique que l’on retrouve aujourd’hui dans la gestion du budget 2026 de l’Etat de Vaud.
En retirant ses propositions concernant la fonction publique, le Conseil d’Etat ne procède pas à un ajustement stratégique maîtrisé. Il organise une retraite précipitée, dictée par la contestation, qui fragilise l’ensemble de la démarche budgétaire. Les mesures annoncées visaient pourtant un objectif légitime : maîtriser l’évolution des charges, responsabiliser l’appareil étatique et envoyer un signal de gestion financière sérieuse. Leur abandon ne supprime ni le problème structurel ni la nécessité d’agir. Il ne fait que reporter les difficultés, en les rendant plus aiguës.
Comme en 1812, le problème n’est pas l’existence d’une contrainte extérieure, mais l’incapacité à en tirer les conséquences jusqu’au bout. Les dépenses explosent, les marges de manœuvre se sont réduites et chacun sait que la dynamique actuelle n’est plus soutenable à moyen terme. La nécessité de maintenir des comptes équilibrés subsiste, en particulier l’obligation constitutionnelle du « petit équilibre ».
Sans mesures d’économie suffisantes, le gouvernement entend assouplir temporairement le système de frein à l’endettement en réduisant ses réserves. Une approche doublement surprenante puisque le principe de ce système est d’équilibrer recettes et dépenses annuelles au compte de résultat sans toucher au bilan ; et parce que cet argent doit revenir aux contribuables qui ont permis la constitution de ces réserves importantes. Pour cela une véritable maîtrise des dépenses est nécessaire, tout comme le sera l’acceptation de l’initiative « Baisse d’impôts pour tous » dite « -12% ».